Autour de l'exposition Angers, loin des clichés
Par Anne Esnault, conservatrice en chef du patrimoine, directrice des musées d’Angers
Inventée au début du 19e siècle, la photographie oscille entre procédé technique et création artistique. Dès son origine, elle entretient des relations complexes avec la peinture. Considérée comme « une servante d’art » par Baudelaire, la photographie revêt d’abord une fonction documentaire pour les peintres, mais apparaît rapidement comme une rivale pour sa qualité de reproduction du réel.
L’émulation est telle entre ces deux arts en Europe et aux États-Unis que la photographie s’inspire de la peinture en reprenant ses genres et ses procédés plastiques. Le mouvement photographique du pictorialisme revendique même une aspiration esthétique dans les années 1880. Et les peintres avant-gardistes, dont beaucoup pratiquent la photographie, lui empruntent à leur tour ses effets de cadrage ou de traitement des ombres.
In fine, c’est l’obsession de la traduction de la lumière qui unit ces deux arts à la fin du siècle.