Par Xavier Salmon, conservateur général du patrimoine et directeur du département des arts graphiques au musée du Louvre.
De toutes les femmes artistes qui s’illustrèrent dans la France du 18e siècle, seule Elisabeth Louise Vigée Le Brun est encore aujourd’hui un peu connue du grand public. Non seulement, on associe son nom aux portraits de Marie-Antoinette, et peut-être aussi au célèbre tableau du Louvre figurant La Tendresse maternelle, mais l’artiste est également restée dans les esprits comme une femme d’une grande beauté, dont l’art élégant sut s’adapter à une vie particulièrement mouvementée. Née en 1755, décédée en 1842, Vigée Le Brun a connu les fastes de la vie d’Ancien Régime, les heures sombres de la Révolution, l’essor d’une société nouvelle sous l’Empire, et le développement de nouveaux codes artistiques. Placée entre deux époques, elle incarne le portrait français dont elle sut diffuser les beautés tout au long de ses voyages européens. Sous son pinceau, toute une société revit, solennelle, heureuse, sensuelle ou innocente, attentive aux raffinements de la mode et à sa position sociale.
Spécialiste de l’art européen du 17e et du 18e siècle, Xavier Salmon est directeur du département des Arts graphiques du musée du Louvre. Il a été précédemment conservateur des peintures du 18e siècle et du cabinet d’arts graphiques au château de Versailles, chef de l’inspection générale des musées et directeur du patrimoine et des collections du château de Fontainebleau.
Il fut commissaire de nombreuses expositions dont les rétrospectives « Jean-Marc Nattier », « Maurice Quentin de La Tour. Le voleur d’âmes » et « Alexandre Roslin. Un portraitiste pour l’Europe » à Versailles, « Madame de Pompadour et les arts » également à Versailles, « Marie-Antoinette » et « Elisabeth Louise Vigée Le Brun » au Grand Palais à Paris. Il a reçu en 2014 le grand prix de l’Académie Française pour son ouvrage : Fontainebleau. Le temps des Italiens. Il a dédié une partie de ses travaux aux pastels français du 18e siècle.