La Jeune Grecque au tombeau de Marco Botzaris

En 1821 débuta l'insurrection des Grecs contre la Turquie. Canaris et Botzaris en furent les chefs avant la reconnaissance de la Grèce comme royaume souverain en 1832. Comme de nombreux écrivains et artistes, David d'Angers (1788-1856) soutint la cause de l'indépendance grecque et, pour honorer Marco Botzaris, mort après une héroïque résistance, il envoya à ses frais une statue commémorative en marbre, pour la placer sur sa tombe à Missolonghi.
Ce monument prend la forme d'une jeune fille à demi-couchée sur une dalle funéraire, déchiffrant le nom du héros inscrit. L'artiste écrit dans ses carnets : « Ma jeune Grecque est à cet âge de transition : la fillette pensive, lisant le nom d'un des libérateurs de son pays, sera femme dans une nation libre». Bien que semblant s'inspirer de sculptures antiques, comme la Joueuse d'osselet, l'artiste aurait trouvé sa composition finale en observant, dans un cimetière, une petite fille à genoux sur une tombe, en train d'épeler avec le doigt l'inscription qui s'y trouvait. En choisissant de s'éloigner de l'idéalisation néoclassique pour préférer le rendu fidèle des détails anatomiques du corps changeant de cette adolescente, David a suscité autant la critique que l'admiration.
L'œuvre conservée à la galerie David d'Angers est le plâtre original ayant servi à sculpter le marbre. Après avoir façonné le plâtre, David aurait travaillé lui-même le marbre, ce qui n'est pas l'usage au 19e siècle, les sculpteurs préférant confier ce travail physique à des praticiens spécialisés. Vingt ans plus tard, son amertume fut grande lorsque, en Grèce, il découvre son œuvre dégradée. Ce n'est qu'après son décès que le marbre, restauré en France, est renvoyé en Grèce en 1866. L'œuvre en marbre est désormais exposée au Musée national historique d'Athènes.