Pendant toute l'année 1924, Lurçat entreprend plusieurs longs voyages en Orient, de l'Espagne à la Turquie en passant par le Maghreb et la Grèce.
Dès son retour, l'artiste peint de nombreux paysages et portraits inspirés par ces périples orientaux. Les paysages sont désertés par l'homme, figés sous une froide lumière, habités d'étranges constructions géométriques. Le raffinement chromatique naît moins de la complexité de la palette que de la juxtaposition de nuances inattendues, de même que la sobriété du dessin met en valeur le jeu d'une souple arabesque. Dans Smyrne II, les arbres calcinés dans le lointain, les noirs profonds des murs, l'allusion formelle à des ruines nous rappellent que Smyrne, qui deviendra Izmir, a été reprise aux Grecs et conquise par les Turcs en 1922. La ville a brûlé. Lurçat qui sort des tranchées de la guerre de 14-18 retrouve dans ce grand port de la mer Egée une vision terrible de destruction, de déshumanisation.